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le blog de Maazouz

20 mars 2006

histoire de l'EMIR ABDELKADER

L’émir Abd el-Kader, al-Insan al-kamil, l’homme accompli (de son vrai nom Abd al-Qadir Ibn Muhy al-Din al-Hassani al-Jazaïri), héros positif, résistant, créateur de l’Etat algérien, fin politique, cavalier exceptionnel, homme de lettres et poète, humaniste avant la lettre, savant musulman tolérant, homme moderne et parfait dans sa voie traditionnelle, initiateur du dialogue islamo-chrétien, montre le chemin de la réconciliation entre les deux rives de la Méditerranée. Comme un bodhisattva ou le chevalier Kadosch, il retarda sa fana, son extinction dans l’Un, pour, par compassion à l’égard de toutes les créatures, enseigner la bonne voie, le beau modèle, celui de l’acceptation de l’autre. La position de l’émir, tirée de celle de son maître Ibn Arabi, tient au fait qu’il considère que la nomination des hommes ne change rien à l’essentialité de l’Être, donc que tout orant ne prie que Lui ; il n’y a pas de juif, de chrétien, d’idolâtre inférieur au musulman dans le salut : « Notre Dieu et le Dieu de toutes les communautés opposées à la nôtre sont véritablement un Dieu unique [...]. Il s’est manifesté à tout adorateur d’une chose quelconque - pierre, arbres ou animal- sous la forme de cette chose ; car nul adorateur d’une chose finie ne l’adore pour elle-même ; ce qu’il adore, c’est l’épiphanie en cette forme du vrai Dieu ... »

Très tôt, cette conviction le conduit à des actes surprenants pour son temps : en pleine guerre de conquête, il négocie les échanges de prisonniers avec Mgr Dupuch, évêque d’Alger, dans des conditions qui lui valent de durables amitiés. Il rédige un traité à cet effet, cent ans avant les conventions de Genève ! il existe plusieurs traductions de ces « Règlements donnés par l’émir Abd el-Kader à ses troupes régulières » (1843). « Tout Arabe ayant un Français ou un chrétien en sa possession est tenu pour responsable de la façon dont il est traité [...]. Au cas où le prisonnier se plaindrait du plus petit sévice, l’Arabe qui l’a capturé perdrait tout droit à recompense. » Nous n’aurons pas l’impudeur de rappeler les exactions de l’armée française à cette époque ...

Aussi n’est-il guère étonnant que, lors de sa captivité à Pau, se constitue très vite en France un « parti kadérien » qui demande sa libération telle qu’elle a été promise par le fils du roi, le duc d’Aumale. Mgr Dupuch, alors à Bordeaux, entreprend des démarches qui, entre autres pressions, permettront à l’émir et à sa famille de trouver un meilleur exil à Amboise. C’est là qu’il concrétise son idée de dialogue : il tient une sorte de salon littéraire, philosophique et religieux où défile le Tout-Paris. L’émir, qui correspond avec plusieurs ecclésiastiques, écrit une série d’œuvres pour expliquer l’islam aux Français. Le texte le plus vif, « Lettre aux Français » (« Al-Miqrad al-hadd... »), est connu dès les années 1850-1855 sous différentes traductions. Avec son beau-frère Ben Thami, il rédige une sorte de bilan de leur action ; Mgr Teissier, actuel archevêque d’Alger, en a traduit et publié la partie qui concerne le dialogue islamo-chrétien dans la revue « Islamno-cristiano » (n°1, 1975). Il s’agit incontestablement du premier dialogue conçu sur un pied d’égalité. Deux logiques s’y affrontent, sans fantasmes ni faux-fuyants, et l’émir y fait preuve d’une remarquable attention à l’autre. Il est même possible d’avancer qu’il invente alors le mot « humanisme » en un sens moderne, à partir de l’utilisation qu’il fait du concept arabe d’al-Insan : « homme », au sens d’humain. Il ne manque jamais de rappeler ce verset du Coran : « Celui qui tue un homme tue l’humanité tout entière ... »

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20 mars 2006

L'histoire de EMIR ABDELKADER

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